Deux
ans après le succès interplanétaire du real Slim
Shady, la même hargne dévastatrice habite Mr. Just-Don't-Give-a-Fuck,
alias Eminem. Avec The Eminem Show, le blondinet, désormais
presque trentenaire, passe à confesse et s'appesantit sur les
trois femmes de sa vie : sa mère, vilipendée ("Cleanin
Out My Closet"), son ex-femme, caricaturée ("Superman":
You selfish bitch, I hope you fuckin' burn in hell for this shit"),
et sa progéniture, adulée ("Hailie's Song").
Ce rejeton controversé de l'Amérique, qui n'hésite
pas à s'octroyer le titre peu recommandé de "The
worst thing since Elvis Presley", ne capitule pas. Au lieu de
se vautrer dans le hip-hop mainstream, Em, rappeur blanc milliardaire
mange férocement la main qui le nourrit : "If I was black
I would have sold half/I could be one of your kids" ("White
America"). De son flow puissant et parfois désabusé,
il conte par le menu ses récentes tribulations médiatiques
(une série de procès) et honnit le patriotisme post
11 septembre. Pour nourrir ses propos vénéneux, Eminem,
attentif aux préceptes de son mentor et partenaire, le producteur
Dre, flingue les diktats à la mode hip-hop et préfère
utiliser un extrait du "Dream On" des rockers éternels
d'Aerosmith ("Sing For The Moment") ou un beat disco irrésistiblement
synthétique ("Without Me"). Décidemment, Marshall
Mathers, aka Eminem, est bien plus qu'un monstre-rappeur de foire.
--Sabrina Silamo
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The
Marshall Mathers LP (2000)
 Après
le succès de son album précédent The Slim Shady
LP (3,5 millions vendus aux States), le roi de la provoc' casse
la baraque en l'an 2000 (7 millions d'exemplaires écoulés
outre-Atlantique). Blanc, blond, avec une voix haut perchée
: personne n'aurait parié sur Marshall Mathers, alias Slim
Shady, alias Eminem, pour devenir le rappeur le plus connu au monde.
Personne excepté Dr Dre, le producteur qui a du flair (rappelez-vous
Snoop Doggy Dogg). Le bon Docteur de L.A. produit ici six morceaux,
laissant le reste à FBT (les Bass Brothers) et Eminem lui-même.
En plus d'un flow redoutable, ce dernier se fait remarquer par la
violence de ses propos. Le MC de Detroit est en guerre contre les
poupées Barbie (et Ken) des charts (Britney Spears, Christina
Aguilera et N'Sync), contre les homos, contre sa "camée"
de mère, contre sa "salope" de femme, contre l'hypocrisie
des "enculés" des médias et de la société
en général... Bref, des lyrics ultra-virulents hérissés
de pointes d'humour noir. --José Guerreiro
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La
découverte rap de 1999 : un Visage pâle virtuose accro
à l'humour noir et aux images choc. White trash hip-hop de
Detroit, le dénommé Marshall Mathers (M & M, d'où
le pseudo) avait sorti un premier album en 1996, Infinite, passé
inaperçu. Puis il fut repéré par un homme au
flair sûr, Dr. Dre, et signé sur son label Aftermath.
Roi de la provoc' et des textes sans concession, Eminem/Slim Shady
y va franco : "J'en n'ai rien à battre, Dieu m'a amené
ici pour foutre le boxon. (...) Tu m'étonnes que mon cerveau
soit niqué, je suis né pendant un tremblement de terre
!" Le garnement ne respecte strictement rien ni personne (excepté
sa fille Hailie) : drogue, violence, dérives psychologiques
en tout genre sont pour lui autant de sujets de plaisanterie, au
même titre que le sida. Il n'épargne pas moins ses
propres parents et la mère de sa fille, également
brocardés sans pitié. Mais c'est surtout son flow
preste, mis en valeur par la production sobre de Dr. Dre sur trois
titres, qui met tout le monde d'accord. --José Guerreiro
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